L’UICN est un comité de scientifiques évaluant l’état de la biodiversité. Ils évaluent la dynamique des différentes espèces faunistiques et floristiques afin de leur associer un statut de conservation.

La mise en place de la liste rouge par la communauté scientifique permet d’identifier les espèces en voie de disparition et d’alerter les décideurs et l’opinion publique sur la gravité et l’urgence de la situation. Cette liste est un outil essentiel pour définir un programme d’actions et un cadre réglementaire en vue de protéger les espèces sensibles et leurs habitats. Seulement, sans l’appui des politiques européennes ou nationales, ce constat reste souvent vain. Il est en effet aujourd’hui difficile de concilier activité économique et protection de la nature. C’est bien là le nerf de la guerre, mais l’économie a t-elle encore du sens s’il n’y a plus de planète pour l’accueillir ?

La liste rouge des poissons d’eau douce

Le comité français de l’UICN et le Muséum National d’Histoire Naturelle ont établi en 2010 une liste rouge consacrée aux espèces piscicoles de France métropolitaine. D’après les experts, sur 69 espèces évaluées, 15 sont menacées de disparition.

L’état de conservation de 22 espèces n’a pu être défini par manque de données. Ceci est dû à une récente mise à jour du référentiel taxonomique et à un manque de connaissance de certaines espèces, ce qui est le cas par exemple du goujon. Cette lacune empêche d’évaluer concrètement l’état de conservation des poissons ce qui limite la mise en place d’actions efficaces. Il est donc nécessaire de poursuivre les efforts afin d’améliorer les connaissances aquatiques. Cette démarche constitue une étape préalable et incontournable à la protection de nos rivières.

Quels poissons sont concernés ? Quelles sont les causes de ce constat?

La liste rouge met l’accent sur la dégradation physique et chimique des milieux. D’une espèce à l’autre, la sensibilité aux différentes perturbations anthropiques diffère. En effet, les espèces amphihalines, autrement dit qui effectuent une partie de leur cycle de développement en rivière et l’autre en mer, sont particulièrement sensibles à la mise en place d’ouvrages transversaux qui deviennent alors de véritables obstacles. Dans le cas du saumon atlantique, ces barrages peuvent être franchis ; mais toutes les espèces ne disposent pas de cette capacité de saut.

Le toxostome et le brochet sont impactés par l’aménagement des cours d’eau ainsi que par les mauvaises conditions pour accéder aux zones de fraies. En effet, la survie de leur espèce dépend de leur succès reproducteur. Ces deux espèces sont exigeantes en termes de substrat de ponte et de conditions physiques telles que la température et la hauteur d’eau. Ce dernier point étant souvent impacté par les lâchers d’eau des barrages. Les barrages étant également un frein à l’accessibilité aux zones de fraies. Le toxostome est classé quasi-menacé et le brochet vulnérable.


La directive habitat est une directive européenne visant à protéger les habitats d’espèces identifiées. Il s’agit d’un outil réglementaire permettant de limiter les modifications anthropiques d’un milieu. Cette directive est valable pour la faune et pour la flore. Il est indispensable que son application soit couplée avec un plan de gestion national voire régional pour être réellement efficace
Aller + loin

Les poissons du bassin Seine-Normandie et la liste rouge

Sur le bassin Seine-Normandie, 13 espèces sur 59 sont menacées de disparition. C’est notamment le cas pour la plupart des espèces migratrices.