La première apparition du gobie à tache noire en France, dans le Rhin et dans la Moselle, date de 2011. Il a également été repéré en 2015 dans le port de Rouen suite à l’observation d’un pêcheur à la ligne. C’est grâce à cette remontée d’information que des mesures de suivi du gobie à tache noire au sein du port de Rouen ont été mises en place. Ainsi, l’AFB (anciennement l’ONEMA) a effectué des pêches électriques dans le but de dénombrer les gobies à tache noire dans le port de Rouen. En 2015, 2 gobies à tache noire ont été ainsi pêchés. Seulement deux ans après, ce sont 36 gobies à tache noire qui ont été échantillonnés sur la même zone et avec le même protocole. Le constat est sans appel : en 2015 la population de gobie à tache noire était estimée dans le port de Rouen à 1 individu pour 100 m2, contre 12 individus pour 100m2 en 2017. Ce qui laisse sous-entendre que ce poisson s’installe dans le port de Rouen.

Le gobie à tache noire présente un risque élevé de devenir une Espèce Exotique Envahissante en France.

Comment le gobie à tache noire arrive-t-il à coloniser de nouveaux territoires?

Dans le cas du port de Rouen, ce serait le trafic maritime puis fluvial qui serait principalement responsable de l’apparition de cette espèce. En effet, il est supposé que ce sont les bateaux en provenance des Pays-Bas, où est bien implantée l’espèce, qui disperseraient le gobie à tache noire dans le port de Rouen. Le trafic fluvial est un vecteur reconnu pour le transfert d’espèce exotique dans les milieux aquatiques.

La navigation est identifiée comme étant la première cause de colonisation du gobie à tache noire :

  • Les eaux de ballast : lorsque les bateaux sont peu chargés à leur départ, ils remplissent leur ballast d’eau avant leur traversée. Arrivés à destination, les bateaux relarguent cette eau dans le milieu. Ainsi, dans les eaux relâchées, les plantes, bactéries, poissons, œufs,… se retrouvent dans un nouveau milieu et ce en ayant voyagé clandestinement.
  • Le gobie à tache noire a la capacité de pondre ses œufs sur les coques des bateaux. Les œufs, capables de résister au voyage, éclosent en eau douce par la suite.

Il a été reconnu que le gobie à tache noire était également capable d’effectuer deux types de migration :

  • La migration active : les individus adultes nagent et remontent progressivement les cours d’eau, en général vers les têtes des bassins versants. Il est à noter que le gobie a une vitesse de migration moyenne de 27km/an, certes ce n’est pas un bon nageur mais ce type de dispersion n’est malgré tout pas négligeable selon la communauté scientifique.
  • La migration passive : les larves se laissent dériver. Autrement dit, les larves s’abandonnent aux mouvements de l’eau, elles se retrouvent ainsi dans un nouveau milieu plus ou moins propice à la colonisation donc à l’implantation du gobie à tache noire.

Enfin, il est reconnu que peu importe le mode de transmission, l’implantation d’une espèce dans un nouveau milieu est fonction de l’état de santé de l’écosystème correspondant. Les facteurs abiotiques tels que les enrochements, la canalisation, les retenues d’eau (induisant une augmentation des températures et du phénomène d’eutrophisation), pour ne citer que ceux-là, sont des causes de baisse de résilience des milieux aquatiques. Ce qui veut dire que la structure de l’écosystème est fragile laissant alors une porte grande ouverte aux espèces invasives, dans le cas présent au gobie à tache noire.

Que peut-on faire?

Continuer de faire remonter les informations relatives aux observations du gobie à tache noire à la Fédération de l’Eure pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique ou à celle de la Seine Maritime. Ralentir la progression de l’espèce notamment vers les têtes de bassins versant ou vers de nouveaux bassins. Enfin, continuer le travail de fond concernant la préservation des milieux, un milieu dégradé est un milieu perméable aux espèces invasives.

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