Afin de gagner davantage d’espace, que ce soit pour la construction d’habitations, de routes, ou pour les pratiques agricoles, l’Homme a emprisonné les cours d’eau en les rendant rectilignes. Les méandres utiles pour une hydromorphologie naturelle du cours d’eau ont été supprimés. Il en est de même avec les berges végétalisées qui offrent un soutien contre l’érosion et constituent une barrière permettant de filtrer une partie de l’eau de ruissellement avant qu’elle ne se retrouve dans le cours d’eau, tout en mettant à disposition des abris et caches pour accueillir la biodiversité. Seulement, les berges des cours d’eau chenalisés sont généralement renforcées par des techniques d’enrochement. Cette artificialisation des berges permet de remplacer la zone végétalisée par des rochers, moins érodables afin d’éviter que la rivière ne sorte de son lit mineur.

Les conséquences

La modification du tracé a pour première conséquence d’inciser le lit de la rivière : l’eau ne pouvant creuser latéralement, creuse à la verticale et enfonce le lit de la rivière. De plus, le cours d’eau ne gère plus de manière naturelle son débit ce qui a pour conséquence d’augmenter les épisodes de crues en aval. En effet, un tracé sinueux augmente la surface du linéaire du cours d’eau et permet ainsi d’atténuer les pics de crue. Tandis qu’un tracé rectiligne encourage les crues importantes et redondantes en aval, en augmentant fortement le débit. Enfin, la perte de biodiversité : les habitats deviennent alors tous les mêmes, ce qui favorise l’installation de certaines espèces au détriment d’autres. En condition naturelle, l’espace serait partagé en fonction des besoins de chacun. Les importants virages (les méandres) des cours d’eau présentent des zones érodables par l’eau et des zones de dépôt, ce qui entraîne localement des hausses et des baisses de vitesse d’eau, des substrats de natures différentes (vase, cailloux, roche, débris végétaux), des différences de profondeur d’eau ainsi que de largeur de lit. Cette diversité morphologique offre à la faune de nombreux habitats pour une diversité d’espèces importante. Supprimer cette dynamique naturelle est donc une perte tant pour la biodiversité que pour l’Homme.

La linéarisation des cours d’eau est également une des causes multiples de phénomènes tels que le colmatage du substrat et la déconnexion avec les zones humides.

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