
Contexte du projet
Sur ses derniers kilomètres avant de se jeter dans l’Aisne, la Tourbe, cours d’eau de seconde catégorie piscicole, a été profondément modifiée par des travaux hydrauliques au fil du temps.
Le canal de la Tourbe, notamment, a été creusé il y a plusieurs siècles pour alimenter en eau le moulin de La Chapelle, situé à l’extrémité du canal. Long de 3,5 km, ce dernier était alimenté via une prise d’eau et un déversoir sur la Tourbe, à Ville-sur-Tourbe. Une partie du canal longeait, et longe encore aujourd’hui la route départementale 66.
À cette époque, la Tourbe servait de bras de décharge (ou déversoir) pour le canal, et son lit avait été redressé sur plusieurs tronçons jusqu’à la confluence avec l’Aisne. Après le moulin, le canal rejoignait l’ancien thalweg de la Tourbe pour se jeter dans l’Aisne. Ce tronçon sinueux de 2 km est aujourd’hui connu sous le nom de « bras de la Sarthe ».
Jusqu’aux années 1940, la Tourbe s’écoulait encore naturellement dans ce bras. Pour faciliter l’écoulement à travers la plaine alluviale, son tracé a ensuite été rectifié « au plus court ». Le bras de la Sarthe, quant à lui, a continué à recevoir l’eau du canal et reste aujourd’hui maintenu en eau.
Néanmoins, un tronçon de 380 mètres, situé entre le pont de la RD 66 et le nouveau lit de la Tourbe, se retrouvait court-circuité et à sec une grande partie de l’année. Partiellement comblé, ce segment du cours d’eau conserve pourtant un fort potentiel écologique pour la reproduction du brochet et d’autres poissons de seconde catégorie.
En effet, le site présente plusieurs atouts pour l’épanouissement de la vie aquatique :
🟢 Proximité de l’Aisne et continuité avec le « bras de la Sarthe » : hydrologie favorable et habitats diversifiés (tronçon sinueux, végétation hélophyte et hydrophyte, ripisylve discontinue) ;
🟢 Prairie ouverte sans ripisylve ni ombrage : milieu de vie parfait pour la ponte ;
🟢 Berges douces : facilitent l’accès et la reproduction des poissons ;
🟢 Maintien de l’eau sur une grande partie des zones de hautes eaux.
Face à ce constat, la Fédération de la Marne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a lancé en 2024 un projet de restauration d’une zone humide, visant à rétablir pleinement le potentiel écologique du site et à offrir de nouveaux refuges à la vie aquatique.
Objectifs du projet
Lorsque l’Aisne entrait en crue, l’annexe hydraulique se connectait facilement sur sa partie aval. Cependant, plusieurs ruptures de pente empêchaient encore l’eau — et la faune aquatique — d’atteindre correctement les zones situées en amont.
Pour redonner au site toute sa fonctionnalité écologique, plusieurs actions ont ainsi été envisagées :
🎯 Maintenir un tirant d’eau suffisant pendant la période de reproduction ;
🎯 Supprimer les ruptures de pente susceptibles de piéger les alevins ;
🎯 Améliorer la connexion avec le bras de la Sarthe.
L’objectif final était de créer une frayère à brochet pleinement fonctionnelle sur les 330 mètres du tronçon, sans pour autant reconnecter son extrémité amont au lit rectifié de la Tourbe.
Pour y parvenir, les aménagements prévus devaient remplir les fonctions suivantes :
– Renforcer la connexion avec le bras de la Sarthe ;
– Garantir la mise en eau du site et maintenir un niveau minimal durant la fraie du brochet ;
– Assurer une vidange estivale sécurisée, sans risque pour les poissons, tout en favorisant le développement de la végétation aquatique, utilisée comme support de ponte ;
– Créer une annexe hydraulique variée, avec un tracé plus sinueux, des variations de largeur et de pente, la création de risbermes et de petits bras secondaires ;
– Protéger la zone la plus humide en aval contre le piétinement bovin, particulièrement dommageable pour les berges fragiles.
Descriptif détaillé des travaux
RESTAURATION DU PONT DE LA ROUTE DÉPARTEMENTALE 66
L’ouvrage présent sur le site a été renforcé et une coque en résine a été installée pour le rétablissement de la continuité écologique.
CREUSEMENT DU LIT ET TALUTAGE DES BERGES SUR 330 M
Le lit de l’annexe hydraulique a été légèrement incliné pour permettre une circulation correcte de l’eau et favoriser la reproduction des poissons. La pente varie désormais sur toute la longueur afin de suivre au mieux l’ancien tracé de la rivière. Les berges ont été reprofilées en pente douce, avec quelques sections plus abruptes, et des risbermes ont été créées pour offrir des zones refuges aux poissons et renforcer la biodiversité.
Le volume de matériaux déblayés pour façonner l’annexe hydraulique aux dimensions souhaitées a été estimé à 1 050 m³, soit 1 300 m³ foisonnés.
Les zones décapées après les travaux ont été ensemencées avec des graminées adaptées aux milieux humides afin de stabiliser les sols et d’offrir un support de ponte aux poissons.
MISE EN PLACE D’UNE CLÔTURE SUR LES BERGES DE L’ANNEXE
Une clôture a été installée sur la moitié aval, la plus humide et encaissée, pour protéger l’annexe. La partie amont du site est restée pâturée, ce qui aidera à entretenir la végétation naturellement et à éviter l’enfrichement.
INSTALLATION D’UNE DESCENTE AMÉNAGÉE POUR LE BÉTAIL
Résultats
Le montant des travaux réalisés s’élève à 47 208 € TTC. Le projet a été financé à 80 % par l’Agence de l’eau Seine-Normandie, à 14 % par la Fédération de la Marne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique et à 6 % par le Syndicat Mixte d’Aménagement de la Vallée de l’Aisne Supérieure (SMAVAS).




















