C’est en automne que les géniteurs de truite fario remontent les cours d’eau à la recherche de frayères. Ces zones sont généralement peu profondes et soumises à un courant modéré. Le substrat est majoritairement composé d’un lit de fins graviers et de cailloux. Lors de la reproduction, la femelle va creuser une cuvette afin d’y pondre ses œufs, puis va les recouvrir de graviers après fécondation des œufs par un ou plusieurs mâles.

En France, l’alevinage (peuplement du cours d’eau avec des alevins) est fréquemment utilisé, faute de reproduction naturelle suffisante. En effet, la truite voit ses habitats disparaître notamment à cause de l’action de l’Homme (agriculture, curage, canalisation des cours d’eau, ouvrages,…). La perturbation majeure pour la reproduction de la truite, reste le colmatage du substrat. Ce phénomène aggravé par l’agriculture et par les obstacles à la continuité sédimentaire entre autres, est caractérisé par le dépôt et l’infiltration de sédiments fins dans le lit de la rivière. Les conséquences sont graves pour la qualité de l’eau et catastrophiques pour la reproduction de la truite : les œufs et alevins sont asphyxiés.

Fort de ce constat, la Fédération de l’Aisne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a mené un diagnostic hydromorphologique afin de confirmer la nécessité de mener des travaux de restauration sur l’Ourcq au niveau de la commune de Breny. Lors de ce diagnostic, des tuites fario ont été observées, certaines mêmes actives sur de rares zones de frayères potentielles. Or, le substrat est malheureusement colmaté et peu mobile, ce qui rend la reproduction inefficace.  L’absence d’un substrat à granulométrie adaptée est l’un des grands points noirs du tronçon. Ce constat a été confirmé par l’absence de juvéniles après la période de reproduction.

Afin de rendre sa fonctionnalité au site, la Fédération a effectué en 2016 une recharge granulométrique sur un tronçon de l’Ourcq, au niveau de la commune de Breny.

L’action a été réalisée avec le concours financier de l’agence de l’eau Seine Normandie, de l’Entente Marne ainsi que des collectivités piscicoles, pour un montant de 18 517 €.

De quels travaux s’agit-il ?

  • Bucheronner-élaguer afin de créer une piste le long du cours d’eau pour faciliter l’accès des engins et faciliter le dépôt des granulats le long de l’Ourcq
  • Une recharge granulométrique : 140 mètres cubes ont pu être répartis sur sept zones différentes de l’Ourcq. Des banquettes alluviales ont également été créées.
  • Remettre en état la bande riveraine
Avant travauxAvant travaux
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Et après ?

Afin d’évaluer l’efficacité des travaux, plusieurs paramètres sont suivis par la Fédération ; en fonction de la réponse du milieu aux travaux, de nouveaux aménagements pourront être envisagés.

La mobilité du substrat est évaluée par un suivi photographique mis en place après les crues. Il permet en effet aisément de constater du mouvement des granulats. L’implantation de sticks dans les zones restaurées permettra de mesurer le colmatage.

Le comptage des nids de ponte, de novembre à janvier, permet d’évaluer la fréquentation des frayères par les truites fario. Un inventaire piscicole par pêche à l’électricité est également programmé. Il permettra de suivre l’évolution du peuplement piscicole.

L’entretien des frayères aménagées sera assuré par l’AAPPMA « les martins pêcheurs de l’Ourcq ». Sur le long terme, cela permettra de garder des frayères fonctionnelles.

En fonction de l’évolution du site, plusieurs aménagements pourront être envisagés :

  • Améliorer la capacité d’accueil du site en créant des caches et en diversifiant davantage les écoulements.
  • Entendre le tronçon restauré vers l’aval où des géniteurs sont présents mais la reproduction des truites reste inefficace.
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