
Contexte du projet
Un patrimoine naturel à préserver…
Affluent de l’Aisne, la Vesle est une rivière qui s’étend sur 140 kilomètres à travers le département de la Marne, en région Grand Est. Classée en 2ᵉ catégorie piscicole, elle se caractérise par des peuplements dominés par les cyprinidés (gardon, brème, carpe, etc.), mais également par le brochet, espèce repère de ce type de milieu. La Vesle occupe ainsi une place majeure dans le réseau hydrographique local, tant par ses fonctions écologiques que par les usages liés à l’eau.
Tout au long de son parcours, elle traverse des paysages variés et abrite des zones humides essentielles à la préservation des écosystèmes aquatiques. Ces milieux naturels jouent un rôle déterminant pour la biodiversité aquatique, en offrant des habitats indispensables à de nombreuses espèces animales et végétales. Leur importance va toutefois bien au-delà : véritables régulateurs hydrologiques, les zones humides limitent l’intensité des crues lors de fortes précipitations, soutiennent les débits d’étiage et assurent une fonction d’épuration naturelle en filtrant l’eau, contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité des cours d’eau.
Dans un contexte de changement climatique et de pressions anthropiques croissantes, la préservation et la restauration de ces écosystèmes constituent des enjeux majeurs. Leur protection est indispensable pour renforcer la résilience des milieux aquatiques, maintenir les services écologiques qu’ils fournissent et assurer un équilibre durable entre les besoins humains et la préservation de la ressource en eau.
Un diagnostic écologique pour cibler les priorités d’intervention…
Dans le cadre de la mise à jour du Plan Pluriannuel de Restauration et d’Entretien (PPRE) de la Vesle, le Syndicat Intercommunal d’Aménagement des bassins Aisne Vesle Suippe (SIABAVES) a mené un diagnostic écologique complet du cours d’eau. Cette étude a permis d’identifier plusieurs sites prioritaires nécessitant des actions de restauration, afin de rétablir les fonctions naturelles de la rivière et de ses annexes hydrauliques.
Une zone humide dégradée, mais à fort potentiel écologique…
Parmi les sites identifiés, une zone humide située près de la commune de Fismes a retenu l’attention du SIABAVES et de la Fédération de la Marne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique. Ce site présentait une qualité écologique moyenne, avec une ripisylve dégradée, un lit de rivière élargi et des berges abruptes, limitant la diversité des habitats naturels. Toutefois, l’absence d’ouvrage hydraulique garantissait le maintien de la continuité écologique et sédimentaire, constituant un atout majeur pour envisager une restauration efficace.
Consciente de cette valeur écologique, la Fédération de pêche, en partenariat avec le SIABAVES, a engagé en 2024 un projet de restauration de la zone humide visant à :
➤ Créer une frayère à brochet, un habitat clé pour sa reproduction ;
➤ Restaurer la diversité des habitats aquatiques pour favoriser la faune et la flore ;
➤ Améliorer la qualité de l’eau et renforcer la résilience du site face aux sécheresses et aux crues.

© FDAAPPMA 51
Annexe hydraulique située à proximité de la commune de Fismes, avant les travaux
Il s’agissait d’une action inscrite dans le Contrat Territorial Eau et Climat (CTEC) du SIABAVES, dont la Fédération de Pêche est cosignataire.
Objectifs du projet
Le projet visait à répondre à plusieurs enjeux environnementaux et hydrauliques :
🎯 Restaurer les fonctionnalités de la zone humide afin de favoriser la reproduction du brochet et de ses espèces accompagnatrices
🎯 Réhabiliter une zone d’expansion des crues “naturelle”, essentielle pour la gestion des inondations, en améliorant la capacité du milieu à absorber et à ralentir les écoulements en période de crue
🎯 Diversifier les habitats naturels pour recréer un écosystème fonctionnel, favorable au développement d’une faune et flore variée, tout en renforçant la résilience écologique du site face aux changements climatiques
Descriptif détaillé du projet
Les travaux ont fait l’objet d’un dossier de déclaration au titre de la loi sur l’eau, signée le 14 avril 2021. Cette démarche réglementaire a permis d’assurer la conformité des interventions avec les normes en vigueur pour la protection des milieux aquatiques.
Les travaux eux-mêmes se sont déroulés entre août et septembre 2023 et en 2 phases.
Phase 1
1) 🪓 Dévégétalisation de l’annexe hydraulique en berge droite (1 200 m²)
Avant d’être terrassée, l’emprise de l’annexe hydraulique a été dévégétalisée. Les ligneux présents sur le site ont été dessouchés et évacués de la parcelle, tandis que la végétation herbacée a été broyée et laissée sur place.
Les trous générés par le dessouchage ont été conservés afin de créer des micro-habitats pour la faune locale.
L’entretien de la ripisylve a également permis de mieux appréhender la topographie du site et de déterminer l’emprise exacte de la future annexe hydraulique.
2) 🪓 Mise en lumière de la mare existante
Une gestion sélective de la végétation ligneuse a permis d’apporter de la lumière à la mare située au nord du site, sur la même rive. Cette ouverture a favorisé le développement d’hydrophytes et d’hélophytes, qui ont servi de supports de ponte aux amphibiens et aux odonates.
20 arbres ont été abattus et stockés sur site afin de profiter à l’entomofaune locale.
3) 💧 Création d’une annexe alluviale
Le site de la future annexe hydraulique a subi un décaissement d’environ 70 cm sur 420 m² afin d’atteindre une emprise totale de 700 m² et une profondeur d’eau moyenne d’environ 30 cm.
2 chenaux ont également été aménagés dans l’annexe, avec une profondeur moyenne de 90 cm et une largeur de 1 m, sur une surface totale de 280 m².
Vue des deux chenaux creusés dans l’annexe hydraulique, permettant la reconnexion avec le cours d’eau principal
4) 🦆 Création d’une mare (OPTION)
Une mare de 50 m² a été aménagée au nord-est de l’annexe recréée. Elle présente une profondeur d’environ 75 cm, avec des berges structurées en plusieurs niveaux et des formes variées, afin de diversifier les profondeurs et de créer de futurs habitats naturels.
5) 🌱 Installation d’une banquette végétale (65 m)
Une banquette végétale a été implantée sur la rive gauche de la Vesle. Elle a été constituée à partir du surplus de matériaux extrait lors de la création de l’annexe hydraulique et de la mare. Cette banquette mesure 65 m de long pour une largeur moyenne de 2,5 m. Elle a été stabilisée grâce à la pose d’un géotextile et à un ensemencement précoce.
Son objectif est de protéger naturellement la berge, soumise à des contraintes hydrauliques, au niveau de la station d’épuration de Fismes.
Phase 2
1) 🌊 Pose d’un batardeau
Afin de veiller à la gestion des niveaux d’eau de la zone de frayère, un batardeau a été installé.
2) 🚜Talutage des berges en pente douce (côté station d’épuration)
Après dévégétalisation (5 000 m²), les berges ont été talutées en pente douce et les matériaux extraits lors du terrassement ont été repoussés dans le lit du cours d’eau pour réduire son gabarit, permettant ainsi d’atteindre une largeur optimale de 7 m.
Ces berges n’ont pas été stabilisées par du géotextile afin de permettre aux matériaux d’être mobilisés au fil des crues. Le cours d’eau a ainsi développé de lui-même une hydromorphologie plus naturelle et attractive.
Le volume total de terre terrassée a été estimé à 2 475 m³.
3) 🌿 Mise en place de 5 chablis
Afin de redynamiser les écoulements du cours d’eau, 5 gros chablis (de 50 cm à 100 cm de diamètre) ont été installés dans le lit du cours d’eau pour dévier le courant vers la berge opposée, obligeant ainsi le cours d’eau à mobiliser les matériaux, puis à les transporter et à les déposer.
Mesurant entre 6 et 10 m, ces aménagements ont permis de recréer des zones d’érosion et de dépôts, contribuant à une dynamique hydromorphologique plus naturelle.
4) 🌳 Plantations
Plus de 900 arbres ont été plantés afin de recréer une ripisylve variée aux endroits stratégiques du projet.
Illustration des résultats du projet
Les travaux menés ont abouti à la restauration de 700 m² d’annexe hydraulique. Ils ont également permis de diversifier les régimes d’écoulement du cours d’eau et de restaurer les fonctionnalités écologiques d’une mare préexistante, contribuant ainsi à l’amélioration globale du fonctionnement hydromorphologique et écologique du site. Un projet destiné à favoriser la reproduction du brochet, espèce repère sur ce site, ainsi que de ses espèces accompagnatrices.


© FDAAPPMA 51
Annexe hydraulique, avant et après les travaux


© FDAAPPMA 51
Mare existante, avant et après les travaux
Le coût total des travaux s’élève à 58 503,90 € TTC. Le projet a été financé à 80 % par l’Agence de l’Eau Seine Normandie, à 14 % par le SIABAVES et à 6 % par la Fédération de la Marne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (dont 60 % du financement de la Fédération de pêche a été pris en charge par la Fédération Nationale de la Pêche en France).