Contexte du projet

L’Aube, l’un des quatre principaux affluents de la Seine, serpente sur environ 250 kilomètres. Prenant sa source sur le plateau de Langres en Haute-Marne, elle traverse les paysages verdoyants du département de l’Aube – auquel elle donne son nom – avant de se jeter dans la Seine à Marcilly-sur-Seine.

Principalement classée en 2ᵉ catégorie piscicole, certaines sections en amont et plusieurs affluents de l’Aube présentent des traits de la 1ʳᵉ catégorie, offrant un habitat propice aux espèces salmonicoles.

Lors de relevés de terrain, la Fédération de la Haute-Marne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a révélé des dégradations sur un tronçon de l’Aube à Auberive (52). Les berges, victimes d’un piétinement intensif par le bétail, étaient fortement érodées et dépourvues de ripisylve, entraînant un élargissement excessif du lit de la rivière.

Ces perturbations provoquaient des déséquilibres biologiques significatifs dans ce milieu situé en tête de bassin versant et à vocation salmonicole.

  • Dérèglement thermique : L’absence de ripisylve supprimait les habitats naturels disponibles en berge et exposait le tronçon de la rivière au réchauffement, en raison du manque d’ombrage offert.
  • Érosion et colmatage : L’érosion des berges mobilisait une grande quantité de matières en suspension, contribuant au colmatage des fonds lors des ruissellements.
  • Homogénéisation des écoulements : L’élargissement du lit provoquait un étalement de la lame d’eau, uniformisant les fonds et les écoulements, et perturbant ainsi l’équilibre biologique du milieu.

Face à ces différents constats, la Fédération de pêche s’est mobilisée en 2023 aux côtés de l’AAPPMA locale, « la Vingeanne Vigilante Auberivoise » de Villegusien, pour engager des travaux de mise en défens du tronçon, visant à limiter le piétinement bovin sur les berges.

Linéaire de la rivière Aube soumis au piétinement bovin, aux berges érodées et dépourvues de ripisylve

Plusieurs raisons ont conduit la Fédération de pêche à s’investir dans la restauration des fonctionnalités de ce linéaire de berges, pour le compte de l’AAPPMA locale :

➤ La volonté de valoriser un parcours de pêche à fort potentiel

➤ L’opportunité d’intervenir sur ce tronçon avec un excellent rapport coût/bénéfice, au regard de la nature des travaux à réaliser

➤ L’intérêt écologique et fonctionnel du projet pour le peuplement salmonicole présent dans la rivière

Le linéaire concerné constitue une zone de reproduction particulièrement favorable pour plusieurs espèces patrimoniales, telles que la lamproie de Planer ou la truite fario. Les affluents sur ce site abritent également des populations d’écrevisses indigènes, renforçant ainsi l’intérêt de préserver ce milieu afin de favoriser leur reconquête.

Descriptif détaillé du projet

© INPN, MTES, MNHN, IGN, DGFiP, FEDER, Région Grand-Est

Schématisation et localisation des aménagements prévus sur le site

Afin de préserver les berges du tronçon contre le piétinement excessif du bétail et d’améliorer ainsi la qualité écologique du milieu, une mise en défens du linéaire du cours d’eau a été mise en œuvre sur ce site avec les moyens suivants :

➤ Une clôture a été installée sur les rives droite et gauche sur près de 500 mètres linéaires de cours d’eau, soit un total de 1 000 mètres linéaires de clôtures. Cette clôture est constituée de trois fils barbelés agrafés sur des piquets en acacia plantés tous les trois mètres. Des quarts de tour ont été réalisés dans les coins pour tendre les fils.

Trois passages à gué ont été créés avec des empierrements dans la descente de chaque côté du cours d’eau. Des lisses de guidage en acacia ont été posées à travers la rivière et fixées entre elles avec des tiges filetées.

L’ensemble de ces aménagements avaient pour double objectif de permettre le franchissement du cours d’eau et d’accéder aux différentes parties de la parcelle traversée par le cours d’eau, ainsi que de créer des points d’abreuvement pour le bétail.

Ainsi, le projet, tel que présenté, a été établi en collaboration avec l’exploitant afin d’intégrer au mieux ses contraintes d’exploitation.

À l’instar de toutes les interventions en milieu naturel, une procédure systématique de désinfection a été appliquée. Tout matériel susceptible d’entrer en contact avec les cours d’eau a été soigneusement désinfecté, avant et après chaque opération. Cette démarche, conforme aux directives de l’Office français de la biodiversité, vise à prévenir la transmission d’agents pathogènes responsables de la peste de l’écrevisse, une maladie à laquelle les espèces autochtones sont particulièrement vulnérables.

POSE DE LA CLÔTURE

© FDAAPPMA 52

Acheminement des piquets d’acacia sur le site

© FDAAPPMA 52

Installation des piquets à l’aide d’un enfonce-pieux mécanique

© FDAAPPMA 52

© FDAAPPMA 52

Implantation des piquets épousant le cheminement sinueux du cours d’eau

© FDAAPPMA 52

Clôture finalisée sur le tronçon aval

© FDAAPPMA 52

Clôture finalisée sur le tronçon amont

CRÉATION DES PASSAGES A GUÉ

© FDAAPPMA 52

Décaissement des descentes pour les passages à gué

© FDAAPPMA 52

Léger décaissement pour la mise en place des empierrements

© FDAAPPMA 52

Décaissement des descentes pour les passages à gué

© FDAAPPMA 52

Fixation de lisses de guidage sur les piquets d’extrémité

© FDAAPPMA 52

Passage à gué aval finalisé

© FDAAPPMA 52

Passage à gué intermédiaire finalisé, vu par l’aval

© FDAAPPMA 52

Passage à gué amont finalisé

Suivi des aménagements

Pour évaluer l’efficacité des aménagements réalisés sur le site, le suivi thermique local mené dans le cadre du réseau fédéral départemental a été maintenu. L’évolution et la bonne tenue des aménagements seront régulièrement suivies par l’AAPPMA locale.

© FDAAPPMA 52

Tronçon du cours d’eau après la fin des travaux

Le montant total des travaux s’élève à 19 800 €. Le projet a été financé à 50 % par le Parc National de Forêts, à 30 % par le Conseil départemental de la Haute-Marne, à 12 % par la Fédération Nationale pour la Pêche en France, à 5 % par l’AAPPMA de Villegusien et à 3 % par la Fédération de Haute-Marne pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique.