La Laigne est un cours d’eau situé dans le département de la Côte d’Or. Comme la plupart des cours d’eau français, cette rivière a connu de nombreuses actions humaines : curage, recalibrage… Ce qui a conduit à la banalisation du cours d’eau. Ainsi, les habitats disponibles pour les poissons se raréfient dans les secteurs les plus touchés, apportant une perte de fonctionnalité piscicole et écologique. Autrefois excellent lieu de reproduction pour les salmonidés et autres espèces lithophiles (espèce qui dépose ses œufs sur ou sous des galets et graviers), ce site n’est désormais plus adapté.

C’est dans ce contexte qu’en Juillet 2014, la Fédération de Côte d’Or pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique et l’AAPPMA locale ont fait un constat alarmant : sur 600 m de cours d’eau rectiligne, la profondeur, la largeur du lit, le courant ainsi que les habitats sont totalement identiques de l’amont à l’aval. Conséquences : il y a peu de poissons présents, les eaux sont plus chaudes, plus turbides et le cours d’eau est trop large en période de basses eaux.

La mobilisation des personnes compétentes a permis le lancement des travaux financés par l’agence de l’eau Seine-Normandie, les collectivités piscicoles et le Conseil Régional Bourgogne-Franche-Comté, pour un coût total de 41 650€.

Le détail des travaux

Le tronçon se situe sur 8 parcelles. Il a donc fallu signer une « convention de travaux » avec chaque propriétaire. Ensuite, les travaux ont consistés en :

  • La mise en place d’un chemin d’accès stabilisé afin de protéger le sol entre les cultures et les vergers lors du passage des engins et des camions acheminant les matériaux.
  • Le resserrement du lit mineur : des banquettes minérales ont été mises en place à l’aide d’une pelle hydraulique, d’amont en aval afin de resserrer le lit du cours d’eau. Cela permettra de dynamiser les écoulements, mais aussi de diminuer la sédimentation dans le lit mineur (phénomène d’auto-curage).
  • Une recharge granulométrique localisée dans le but de favoriser la reproduction des espèces lithophiles, comme la truite fario. Des cailloux de 20 à 120 mm ont été disposés dans le lit. Ces recharges ont été faites dans les secteurs où le courant est le plus fort, c’est-à-dire les plus rétrécis par les banquettes.
  • Des blocs de pierre ont été disposés le long du cours d’eau afin de servir d’abri pour certaines espèces piscicoles et macrobenthiques (organismes invertébrés vivant sur le substrat).
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Et après ?

Un an après les travaux, le bilan réalisé grâce aux indicateurs de restauration montre que le secteur a évolué d’une qualité médiocre à excellente. Ce constat peut d’ailleurs s’appliquer sur le long terme. En effet, 3 ans après les travaux, de nouveaux suivis montrent encore une amélioration de la qualité du milieu :

  • Les habitats disponibles pour la faune sont plus nombreux et largement diversifiés. Cela profite notamment aux populations de macroinvertébrés : abondance et densité en augmentation.
  • Les vitesses de courant sont différentes le long de la zone restaurée.
  • Le nombre de poissons présents, toutes espèces confondues, a été multiplié par 50 !
  • La truite fario, espèce repère de ce type de cours d’eau, se reproduit de nouveau dans la Laigne.
  • La lamproie de planer est apparue sur le secteur

Ces résultats sont en concordance avec les objectifs fixés par la Directive Cadre sur l’Eau et sont encourageants pour la restauration d’autres tronçons de la Laigne.

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