
Contexte du projet
L’Andelle est une rivière normande de près de 60 km, qui prend sa source dans le pays de Bray (à Beaubec-la-Rosière) avant de rejoindre la Seine à Pîtres, dans l’Eure. Elle draine un bassin versant de 736 km².
Classée en 1ʳᵉ catégorie piscicole sur tout son cours, l’Andelle est avant tout une rivière à truites. La truite fario (Salmo trutta fario) en est l’espèce emblématique, mais elle partage son habitat avec d’autres poissons typiques des eaux vives : le chabot, la loche, la lamproie de Planer, l’anguille européenne … et même le saumon atlantique, qui remonte encore la rivière pour s’y reproduire.
Deux visages piscicoles
À cheval sur deux départements, la Seine-Maritime et l’Eure, le bassin versant de l’Andelle présente deux contextes piscicoles bien distincts :
➤ En amont (Seine-Maritime) : le cours d’eau traverse un territoire rural marqué par l’agriculture intensive (environ 50 % du territoire), mais où subsistent encore des prairies humides (30 %). Cette partie du bassin subit des étiages sévères en été et une forte réactivité aux pluies. Les habitats naturels y sont dégradés par l’érosion des sols, les anciens travaux de rectification et la présence de nombreux ouvrages hydrauliques. Résultat : la truite fario colonise toujours cette partie du bassin, mais de façon clairsemée et irrégulière.
➤ En aval (Eure) : cette portion du bassin, qui représente la moitié du linéaire de la rivière, retrouve un lit plus diversifié, avec des écoulements variés et un substrat grossier favorable au développement des salmonidés. Plusieurs zones de reproduction fonctionnent encore, offrant un meilleur potentiel d’accueil pour la truite. Cependant, ce potentiel reste limité par la densité d’ouvrages hydrauliques, qui fragmentent les habitats et entravent la circulation des poissons.
Des obligations réglementaires
L’Andelle est inscrite en liste 2 au titre de l’article L.214-17 du Code de l’environnement, qui impose que « tout ouvrage présent sur le cours d’eau doit y être géré, entretenu et équipé afin d’assurer la libre circulation des poissons migrateurs et des sédiments ».
Pour répondre à ses obligations, le Syndicat Mixte d’Étude, d’Aménagement et d’Entretien des bassins versants de l’Andelle et du Crevon (SYMAC) a lancé en 2016 une étude globale de restauration de la continuité écologique sur le département de la Seine-Maritime. Confiée au bureau d’études EGIS, cette étude a permis d’établir un état des lieux précis des ouvrages hydrauliques.
Trois obstacles problématiques à Nolléval
Parmi ces ouvrages, trois vannages, construits dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, ont retenu l’attention de la Fédération de la Seine-Maritime pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique et du Syndicat mixte du bassin versant de l’Andelle (SYMA).
Situés sur la commune de Nolléval, longtemps abandonnés et en ruine, ces aménagements constituaient de véritables obstacles à la continuité écologique. Ils modifiaient les écoulements, piégeaient embâcles et sédiments et, selon les débits, freinaient la migration des poissons.
Face à ce constat, et en partenariat avec le SYMA dans le cadre d’un Contrat de Territoire Eau et Climat, la Fédération de pêche de la Seine-Maritime a engagé en 2022 un projet de dérasement de ces trois ouvrages, afin de rétablir la libre circulation des poissons dans le lit du cours d’eau.
Objectifs du projet
Le projet de dérasement poursuivait plusieurs objectifs complémentaires :
🎯 Restaurer la continuité écologique du cours d’eau, en supprimant les obstacles qui limitaient la libre circulation des poissons migrateurs et le transit naturel des sédiments.
🎯 Améliorer la qualité des habitats aquatiques, en recréant une dynamique fluviale propice au développement d’une mosaïque d’habitats naturels pour les espèces animales et végétales emblématiques.
🎯 Supprimer les contraintes d’entretien.
🎯 Prendre en compte les exigences écologiques des espèces présentes, de manière à garantir le bon déroulement de leur cycle de vie tout au long des travaux et après leur réalisation.
🎯Assurer la compatibilité des aménagements avec leurs usages existants, en particulier agricoles, afin de préserver l’équilibre entre restauration écologique et activités humaines.
Descriptif détaillé des travaux
▶ DU 16 SEPTEMBRE AU 11 OCTOBRE 2024
🧱 ARASEMENT DES OUVRAGES HYDRAULIQUES
❌ OA6 – Vannage de baignade aval Nolléval ROE103749
➤ Suppression de l’ouvrage : les vannes et le radier en béton ont été démolis afin de rétablir la continuité du cours d’eau.
➤ Gestion de la ripisylve : un entretien sélectif de la végétation rivulaire a été réalisé sur une vingtaine de mètres en amont de l’ouvrage.
➤ Reprofilage de la berge droite à l’emplacement de l’ouvrage pour éviter que le méandre ne se recoupe et que le cours d’eau ne se détourne. Ce reprofilage, qui a consisté à adoucir la courbure et supprimer la surélévation, a permis aussi de réduire la pression sur la berge opposée.
➤ Aménagement d’un profil dissymétrique « inversé » à l’emplacement de l’ancien ouvrage, avec une surprofondeur en rive convexe (droite). Cette configuration, volontairement temporaire, visait à stabiliser le lit dans l’attente d’un rééquilibrage naturel du profil en long. Le méandre présent sur le site devrait rétablir à terme une mouille en rive concave (gauche).
❌ OA7 – Vannage de baignade amont Le Boulay ROE103750
➤ Suppression de l’ouvrage : les vannes et le radier en béton ont été démolis afin de rétablir la continuité du cours d’eau.
➤ Surveillance du cordon rivulaire en amont, pour assurer son maintien intégral. Cette mesure vise à éviter la formation de trouées, qui favoriseraient une exposition accrue au vent et donc un risque d’éclatement des cépées.
❌ OA10 – Vannage résiduel Le Boulay ROE103755
➤ Suppression de l’ouvrage : les vannes et le radier en béton ont été démolis afin de rétablir la continuité du cours d’eau.
➤ Dépose et repose de la clôture en rive droite à l’emplacement de l’ouvrage.
➤ Démontage et évacuation d’une passerelle devenue obsolète.
▶ DU 13 JUIN AU 20 JUIN 2025
🌿 💧 REMISE EN ÉTAT DES PRAIRIES HUMIDES

À NOTER
Les travaux, étant autorisés sans mise à sec des tronçons de cours d’eau concernés, étaient soumis à l’article 4 de l’arrêté préfectoral du 4 avril 2024, qui imposait une surveillance de la qualité de l’eau. Un suivi en temps réel de la turbidité et de l’oxygène dissous a ainsi été réalisé durant l’ensemble des travaux afin de limiter au maximum leur impact sur ces paramètres. L’intervention était ainsi susceptible d’être suspendue en cas de dépassement des seuils prescriptifs définis.
| Paramètres | Seuil de vigilance | Seuil d’arrêt |
|---|---|---|
| Matières en suspension (MES) | > 0,5 g/l | > 1 g/l |
| Oxygène dissous (O₂) | < 7 mg/l | < 5 mg/l |
Les travaux se sont achevés le 9 juillet 2025.
Illustration des résultats en photo
Suivi post-travaux
Avant les travaux, une pêche scientifique à l’électricité a été menée sur un des trois vannages du site. Une nouvelle est prévue en septembre 2025 pour tenir compte de l’efficacité des travaux sur la restauration écologique du cours d’eau.
© FDAAPPMA 76
Les missions de maîtrise d’œuvre ont été confiées au bureau d’études Biotec.
Le coût du projet s’élève à 51 972 € TTC. Il a été financé à :
➤ 90 % par l’Agence de l’Eau Seine Normandie
➤ 4 % par le Syndicat Mixte du bassin versant de l’Andelle
➤ 6 % par le Conseil Départemental de la Seine-Maritime
Les travaux ont été menés par l’entreprise E’Caux Nature.




















