
Contexte du projet
En 2018, dans le cadre de sa politique de maîtrise foncière, la Fédération de l’Aube pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique a acquis un territoire en bordure de Seine, sur la commune de Bréviandes (10). Celui-ci abritait un plan d’eau d’environ 9 600 m², avec une profondeur de 2 mètres, et résultant d’une extraction de sédiments dans le lit majeur du fleuve. Séparée du cours d’eau par un merlon constitué de matériaux de déconstruction, cette zone humide se retrouvait déconnectée du lit principal du cours d’eau. L’alimentation du plan d’eau était assurée essentiellement par la nappe alluviale de la Seine.
En pratique, l’endiguement empêchait l’expansion régulière des crues dans cette annexe hydraulique. Seuls les épisodes de très fort débit (supérieurs à 80 m³/s) pouvaient ponctuellement connecter le fleuve au plan d’eau. Ce dysfonctionnement hydraulique limitait fortement ses fonctionnalités écologiques, réduisant son rôle de frayère, d’abri ou nourricerie pour de nombreuses espèces aquatiques, dont le brochet (Esox lucius), espèce repère particulièrement dépendante de ces habitats.
Face à cette situation, la Fédération de Pêche de l’Aube a lancé en 2024 un projet visant à restaurer la continuité latérale de la Seine au niveau du plan d’eau de Bréviandes, afin de permettre sa connexion avec le fleuve lors de débits supérieurs au module (débit moyen annuel d’un cours d’eau), et ainsi de restaurer les fonctionnalités écologiques de cette zone humide.
Objectifs du projet
Ce projet poursuivait deux objectifs principaux :
🎯 Faciliter l’accès des espèces piscicoles au plan d’eau lors des épisodes de crue.
🎯 Améliorer l’expansion naturelle des crues, en contribuant à la restauration de l’espace de bon fonctionnement de la Seine.
Descriptif détaillé des travaux
ÉTUDES AVANT-PROJET
➤ 🌿 🐞 Inventaire faunistique et floristique (CENCA)
En 2019, le Conservatoire d’espaces naturels de Champagne-Ardenne a réalisé un inventaire des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore du secteur. Suite à cette étude, le site a été identifié comme présentant des habitats diversifiés de zones humides à forte valeur patrimoniale, abritant près d’une soixantaine d’espèces végétales et une quarantaine d’espèces animales.
➤ 🐟 🦯 Pêche scientifique à l’électricité
Le 28 juin 2023, la Fédération de pêche a mené une pêche scientifique à l’électricité sur le plan d’eau. Cet inventaire a permis d’identifier 9 espèces de poissons (brème commune, bouvière, loche de rivière, brochet, perche commune, perche soleil, silure glane, tanche, gardon) ainsi qu’une espèce d’écrevisse, l’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii).
Parmi elles, la bouvière (Rhodeus amarus) et la loche de rivière (Cobitis taenia) présentent un intérêt patrimonial particulier, car elles figurent sur la liste des espèces de poissons protégées au niveau national (décret du 8 décembre 1988).
➤ 🌊 Conception du chenal de connexion
Les travaux ont consisté à créer un chenal de connexion permettant au débit de la Seine d’alimenter le plan d’eau dès que son module, fixé à 15,7 m³/s, est atteint. Trois campagnes de relevés topographiques, menées sous différentes conditions de débit, ont fourni les données nécessaires à la conception.
PHASE TRAVAUX
La conception du projet a été menée durant l’été 2024, et les travaux ont été réalisés à l’automne de la même année.
Le chantier s’est déroulé en deux phases distinctes :
Phase 1 : actions préalables au chantier
➤ 🚜 Entretien du chemin d’accès
Avant le lancement du chantier, il a été nécessaire de sécuriser et d’aménager l’accès à la zone de travaux :
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Débroussaillage : abattage et broyage de la végétation arbustive et herbacée sur une bande de 150 × 4 mètres (≈ 600 m²).
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Aménagement du chemin : nivellement par déblais/remblais (≈ 15 m³) sur une portion de 5 mètres, au niveau de l’entrée de la propriété, afin de faciliter la circulation des engins.
- Gestion des arbres : abattage de 11 arbres situés dans l’emprise du projet, dont le diamètre variait entre 30 et 50 cm.
Phase 2 : création du chenal de connexion entre le plan d’eau et la Seine
➤ 🌱 Travaux de terrassement et de stabilisation des berges
La seconde étape du chantier a consisté à créer le chenal de connexion entre la Seine et le plan d’eau, tout en assurant la stabilisation des berges. Les interventions ont été les suivantes :
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Évacuation de deux tas de matériaux de déconstruction (environ 20 m³) présents sur la zone de terrassement.
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Dessouchage de 10 souches d’arbres situées dans l’emprise du futur chenal.
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Terrassement du chenal de connexion (≈ 176 m³ foisonnés et évacués), calé à la cote du module afin de maintenir une zone en eau permanente, connectée à la Seine 6 à 7 mois par an.
- Stabilisation de la berge terrassée : mise en place d’une fine couche de terre végétale (≈ 10 cm), pose d’un treillis en fibre de coco (145 m²) et ensemencement avec un mélange grainier herbacé.
Illustration des résultats en photo !


© FDAAPPMA 10
Bilan
La continuité latérale de la Seine près de la commune de Bréviandes est désormais restaurée, permettant au plan d’eau de se reconnecter naturellement au fleuve lors des crues.
Cette restauration favorise l’expansion des eaux, améliore la qualité des habitats pour la faune aquatique et contribue à la dynamisation des zones humides environnantes. Les espèces piscicoles, comme le brochet, la loche de rivière ou la bouvière, bénéficient à présent de nouvelles possibilités de déplacement, de frayère et d’alimentation.
Le site retrouve progressivement ses fonctionnalités écologiques naturelles, avec une zone humide plus fonctionnelle et favorable à la biodiversité locale.
Ce projet illustre parfaitement les actions de la Fédération de pêche de l’Aube en faveur de la restauration et de la préservation des milieux aquatiques.
Le coût total de l’action s’élève à 42 700 €. Sa réalisation a été rendue possible grâce au soutien de plusieurs partenaires, selon la répartition suivante :
- Agence de l’Eau Seine Normandie : 31 350 € (73 %).
- Établissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs : 2 650 € (6 %).
- Fédération Nationale pour la Pêche en France : 3 700 € (9 %).
- Fédération de l’Aube pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique : 5 000 € (12 %).
Le projet a également bénéficié du soutien technique du Conservatoire d’Espaces Naturels de la Région Champagne-Ardenne.













